Chants pascals (à Christian Bobin)

Bruneau Joussellin

Vitrail du Père Kim - église d'Ajat, Dordogne

Vous, les femmes de l'aube,

aux marches du cimetière

y a une tant belle pierre, y a une tant belle pierre,

qu'avez-vous retenu des leçons des ténèbres ?

Êtes-vous certaines

qu'auprès de ma tombe,

il fait bon, fait bon dormir ?

Là,

sur la plus haute branche,

un rossignol chantait.

Toi, tu as le cœur gai -

lui avez-vous dit.

Vous, vous l'aviez à pleurer.

Il y a longtemps que je t'aime,

jamais, jamais, jamais...

Peu importe que les lauriers soient coupés,

vous n'aurez plus à aller au bois de la croix

les ramasser.

Entrez dans la danse,

voyez comme on y danse,

et embrassez, embrassez...

En descendant dans mon jardin,

vous n'y cueillerez plus les simples,

mais la rose de la vie.

Même en hiver, une rose fleurit,

ce n'est plus la fin de l'été.

Alors, emmenez-vous au-delà de la nuit

où les soleils ne sont plus gris ;

emmenez-vous par-delà l'en-nuit

où même les nuages sourient.

Dans ce jardin extraordinaire

il n'y a plus d'inaccessible étoile...

Y'a d'la joie, y'a d'la joie...