- eglisedumusee
Liberté

Laurence Flachon
Mon voyage parvenait à son terme, pensais-je. J'arrivais aux confins de mes possibles.
Il m'arrive d'imaginer ces paroles dans la bouche de certains disciples, près de 40 jours après Pâques.
Avec la mort de Jésus est venue le commencement du deuil de cette présence physique et des espoirs de certains qui voyaient en lui un roi, un chef de guerre,
un sage qui allait tout changer sur terre…
Ensuite Pâques, le second choc, celui du tombeau vide.
La fin est une fin
Mais la fin n'est plus la fin
Jésus fait encore sentir sa présence
L'ombre danse
Compagne rassurante
mais compagne tranchante
"il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments (...)
"vous recevrez de la puissance"
Libres mais pas livrés à nous mêmes
Plus de déni possible, de colère ou de marchandage, il faut accepter et… construire.
Deuil des premiers témoins qui doivent renoncer à la proximité familière.
Deuil symbolique de générations en générations :
le Christ n’est pas celui qui vient arranger toutes les situations,
Il n’est pas celui qui vient combler mes manques, entretenir mes illusions.
Confinés, nous avions le sentiment que la route se fermait, les provisions s'épuisaient et l'heure avait sonné de chercher refuge dans une silencieuse obscurité.
Déconfinés, nous voilà comme expulsés du refuge,
poussés en avant,
sommés de construire autrement.
Demain, l'Ascension.
Fête d'une liberté donnée pour inventer un chemin singulier de témoin
Bientôt, nos semelles seront de vent
Nos racines d'en haut feront-elles éclore nos projets d'en bas ?
Mon voyage parvenait à son terme, pensais-je. J'arrivais aux confins de mes possibles (...)
Mais je découvre que Ta volonté ne connaît aucune limite.
Les mélodies nouvelles engendrées par le coeur
succèdent aux vieux mots éteints sur ma langue.
Et là où se perdent les traces anciennes,
s'ouvre un nouveau pays peuplé de merveilles.
De l'aube au crépuscule
Rabindranath Tagore
En illustration, une peinture du poète, Dancing woman